30/03/2014

Dimanche dévote

Dis donc c'est vrai, je suis pas très loquace  - j'attends l'occas'-
J'étais pas très fière la semaine dernière.
J'ai même pas voté dans l'urne. J'ai voté fort in petto. Mais c'est pas comptabilisé.
J'ai pris le train. C'est pas de ma faute.
Je devais arriver juste après la fermeture des bureaux.
Je suis arrivée 2 heures en retard.
Bon alibi, cadeau de la es-haine-céF.
Alors que j'avais la ferme intention d'arriver pile en retard pour voter.
Loupé.
Dimanche de vote. Je vais voter.
Avant c'était simple. C'était dans les vieux science pots qu'on faisait les meilleures soupes.
Enfin, là, c'est la déconfiture.
J'ai retrouvé un copain mercredi soir. Il m'a dit de voter pour lui.
Mais il faudrait que je vote in petto. La semaine dernière ça a été un fiasco.
C'est un chanteur. Un rockeur de l'ordinaire.
Avant quand il était plus jeune, il chantait les Beatles, des trucs qu'on reprenait en choeur.
A force il est devenu grand.
Il chante l'urbain, le quidam,
le monsieur tout l'monde, le machinal, 
les combats, le désordre sur macadam.
C'était chouette de le revoir. Ça m'a rappelé le pays Basque. (clic)
Dévotion août of Socoa.
Et puis ça m'a rappelé qu'aujourd'hui c'était
Dimanche de vote - (clic)
Album et tournée en solo "Thomas b" chanteur et guitariste des Luke. Shoot

15/03/2014

La côte assure

C'est en retournant des années plus tard sur les lieux de notre enfance qu'on réalise combien elle sont nombreuses les perles du souvenir, de l'enfance heureuse et lumineuse dans le jour perpétuellement clair de l'âge insouciant.
Nice était un passage. Je ne me souviens d'aucun nuage. J'ai des souvenirs de Bordeaux d'où nous arrivions. Mais c'est à Nice que naissent les souvenirs sans approximation.
En y séjournant, consciente ou vagabonde, je tombe immanquablement sur des miettes de madeleines.
Le souvenir s'impose et en appelle d'autres enfouis presque oubliés parce qu'insignifiants.
L'âge peut-être ? Je deviens trop mûre. Besoin de se raccrocher aux branches.
Combien d'allers, de retours, d'aller-retours et de détours sur la Prom criblée des trous des talons aiguilles de nos mères aux ongles parfaitement peints.
Je piste ces vestiges du temps de mes gadins de patineuse à roulettes mais le front de mer est lisse désormais . Perfection du front de ma mère à l'époque de nos promenades sur les galets.
Les niçoises se racornissent aux premiers rayons de soleil . Elles nous intriguaient et m'étonnent encore. Noires et desséchées, parfaitement immobiles, imperceptiblement pourtant déplaçant leur couenne à la façon d'une fleur de Tournesol . Phototropisme d'élégantes qui finissent flétries au mois de septembre.
Le quartier que nous habitions me parait plus populaire qu'il ne l'était avant. Mais l'immeuble est toujours le plus beau de la rue. Façade Turinoise d'oxyde jaune et persiennes aux tonalités froides. Le jardin privé du rez-de-chaussé abrite toujours un grenadier flamboyant. La gentille dame propriétaire nous offrait une grenade parfois et je mordais dans le fruit défendu,  irrésistible et bourré de pépins.
L'école se dévoile au coin de la rue. Sur le trajet le grossiste en confiserie n'est plus. Le chemin perd de sa saveur.
Ma copine Vanessa avait les oreilles percées, comme toutes les petites filles niçoises dans les années 80. Je me collais des minuscules carrés de plastique hologrammé autocollants ridicules et je me persuadais d'être des leurs. Des cassettes de Rose Laurens et de Cookie Dingler se refilent sous le tee-shirt fluo démesuré Waikiki. Dépourvue de transistor, drame absolu, je suis condamnée à écouter les tubes qui me parviennent étouffés à travers le plancher de la chambre du voisin adolescent et très à la page.
Je reconnais la maison de ma copine Claire. Celle qui était très très intelligente et qui jouait du violon. Pas comme Vanessa, experte en pipeau.
Claire me racontait Fantômette que j'avais la flemme de lire. Nous nous faisions des cabanes sous la table de la salle à manger et nous y invitions sa chienne Husky tandis que sa maman nourrissait la colonie de Mandarins colorés en piaillant du Hugues Aufray.
En grimpant sur les hauteurs de Cimiez je revois l'appartement grandiose, rose boudoir aseptisé d'une fille qui m'a tellement marquée que j'en ai oublié le prénom et le visage. Je me souviens de sa chambre moquettée et parfaitement ordonnée et des sujets de pâte d'amande pour le goûter.
L'horizon me porte vers la mer. Transparente et calme. Sur la presqu'île du cap Ferrat, nous dénichions un coin tranquille. L'air faussement dégagés nous enjambions les corps largement exposés des nudistes impassibles qui nous barraient le chemin, étalés de toute leur grotesque et indécente mollesse pour aller se poser plus loin encore et c'est accrochés à un bout de rocher que nous posions un coin de fesse pour nous délecter des Pan Bagnat préparés par ma mère.
Je ne peux pas passer à Nice sans manger au moins une fois un Pan Bagnat. C'est viscéral. Ils me ramènent immanquablement vers le cap Ferrat, le vestige de ce tout petit port à l'eau cristalline truffée d'étoiles de mer et d'oursins et où ne s'amarrent plus que des moules rescapées d'une pollution, qui fut trop longtemps galopante pour qu'on y vienne à bout en une génération de bons sentiments.
C'est ici que j'ai appris à nager. Les facettes acérées des rochers ne me laissent pas un souvenir d'une douceur impérissable, mais je dois à cette méthode d'apprentissage un peu rustre de ne jamais avoir peur…de me jeter à l'eau.
Début mars ici, il est préférable de prévoir maillot et combi de ski. Une journée sur les pistes du Mercantour, un pique-nique en bord de mer bikini de sortie. A Gréolière il n'est pas rare de voir des coquettes préoccupées par leur bronzage parfait d'un bout de l'année à l'autre skier en balconnet…Avec vue dégagée sur mer.
Il fait 18 degrés sur les pistes d'Auron. La neige est d'une qualité rare. Elle est tombée pour nous, 24 heures avant notre arrivée. Sur la route de la Tinée, en montant vers les stations, mon regard se porte sans préméditation sur cette façade décrépie de boulangerie de bord de route. Un peu embrouillée, comme coincée aux entournures par un souvenir trop lourd à télécharger je me retourne après la bataille alors que nous arrivons deux kilomètres plus loin à Saint Sauveur. Mon conducteur fait demi tour de bonne grâce et j'entre dans l'antre de l'un de mes meilleur souvenirs gustatif. La boulangère est la même.  Elle fait le service depuis 42 ans. Elle était alors accompagnée de sa mère. Fougasse aux anchois, pissaladière, pizza généreuse. Les mêmes produits simples et gourmands , et la brioche tressée qu'elle offre à l'enfant de 8 ans que je suis redevenue face à tant de souvenirs émergents. Je rage de n'avoir pas pensé alors au thermos de Viandox et aux berlingots de lait concentré sucré qui bourraient nos poches.
Réparation faite au retour avec un détour indispensable au supermarché pour étancher ma soif de flash-back et me marrer devant l'expression de nausée teintée de perplexité de mon homme et des enfants.  De mes premières descentes à ski, j'oublie délibérément les interminables leçons préliminaires sur l'art de la conversion sans la maîtrise de laquelle nous ne pouvions être lâchés, exercice totalement improbable avec les skis de 2 mètres qu'on nous collait du haut de nos 130 cm l'air entendu du complot sadique, gages de descentes stylées et parfaitement maitrisées…
Je refais mes valises, consciente de laisser quelques souvenirs inexplorés.
La vallée des merveilles, les visites chez l'élégante tante de Grasse, carnaval avec les cousines et les promenades sous les Eucalyptus.
J'y retournerai, assurément, hors saison, pour y revoir Galéa, le rocher, les oliviers et les mimosas  et pour courir de plaisir sur la corniche face à la mer, à respirer par goulées gourmandes les souvenirs dont m'assure la côte.