Mon moi

Il faut satisfaire à la blogosphère.
Je satisfais. Parler je sais faire. Parler de moi je sais faire aussi. 
Blogueuse pudique : Oxymore.
A l'appel de "Deux clous un pinceau" -Pour ne citer que la première à m'avoir titillé l'amour plus ou moins propre- Je m'expose en vrac .
En vrac peut-être, mais en vrai, surtout.
J'ai défilé enceinte de 6 mois en lingerie devant Chantal Thomass.
"Ma chérie, avec dix centimètres de talons et un peu de rembourrage tu es parfaite !"
Le fait que l'élève créatrice de "lingerie pour femme enceinte mais soucieuse de sa féminité"pour laquelle je me ridiculisais sur un podium devant quelques centaines de personnes ait remporté le prix spécial du jury me laisse à penser que je n'étais pas si ridicule que ça. Chantal me passait la main sur le ventre en répétant comme si je venais de Mars "mais c'est un vrai, mais c'est un vrai ! Oh comme c'est charmant, mais comme c'est charmant". Non, Chantal, pas du tout -Tu permets je t'appelle Chantal- c'est un implant Téflon, du Body art si tu veux. On est dans une école de mode, faut voir à savoir se distinguer. J'y ai même rajouté un chouillat de branding depuis. Du plus bel effet sur le côté de la cuisse.
Forte de mon succès , j'ai passé un entretient pour intégrer la très prestigieuse Central Saint Martin's Collège of Art and Design.
Un aller-retour à Londres pour confronter mes acquis de trois années d'Esmod à la draconienne sélection pour rentrer dans le sein des Saint's.
J'étais prise. En seconde année.* 
J'étais prise, mais j'étais enceinte.
A deux années de formation supplémentaires qui m'auraient donné le coup de fouet créatif qui me manque aujourd'hui , j'ai choisi la vie de femme de militaire et maman au foyer.
Dire que je regrette serait faux. Disons que j'y pense… Avec nostalgie et une pincée de fierté à la seule pensée de mon admission .
Rien d'étrange alors si je vous avoue que j'ai parfois comme une envie de voir ailleurs.
Dans la liste de mes fantasmes : Avoir un aigle tatoué au creux des reins, passer mon permis moto -Et piquer la moto de mon papa- et pointer du doigt les yeux fermés une destination sur le planisphère : Rien de bien original, la banalité de ces idées prouve s'il en est à quel point je suis une -presque -quarantenaire conformiste. Je me contente de boire ma Leffe Ruby ou nectar à même le goulot en rotant même, parfois, quand je suis seule, un truc de dingue.
Je suis indépendante et sûre de moi, je suis désarmée par l'absence de simplicité chez certains, je déteste absolument la mollesse, la lâcheté et le mensonge, j'ai envie de secouer les avachis et je leurs envie pourtant de savoir savourer le moment présent.
Je déteste porter une robe synthétique sur des collants, le string est le comble du ridicule -sauf si on a les fesses des pouliches de l'écurie Victoria's secret évidemment, mais même chez Candice Swanepoel, je crois bien préférer sans la ficelle qu'avec. Enfin, à ce que j'en devine.- Je pouffe devant le ridicule d'un anneau dans le nez -c'est con mais j'ai envie de faire meeeeeuh quand j'en vois un- Je déteste la macédoine de légumes et boire du champagne dans des verres en plastique et le comble du manque de savoir vivre c'est d'étaler du foie gras au couteau  sur des toasts ronds industriels.
En vrac et sans intérêt j'avais dis. C'est le jeu.
Respire.
Ça c'est le mot que je préfère. Je le répète in petto quand les gens m'agacent -Ou "bouge" quand j'ai à faire à un mou- quand je suis stressée -pas souvent en fait, je suis une handicapée du stress et ça stresse mon mari parfois- ou quand je suis bien, tout simplement.
Enfin, je suis un antonyme d'hypocondriaque. J'attends toujours le dernier moment pour prendre un rdv médical et je rejette au centuple les mammographies et autres examens de bonnes-femmes. Ça me gonfle.
Ce qui me gonfle me perdra je crois. 

Central St Martin's Londres.
*Un petit doute sur l'année après relecture. Il faudra que maman ma rafraîchisse, je me surestime peut être…