Il y a de ces lectures en grâce qu'on ne voudrait jamais finir.
Il y a sur nos chemins littéraires des personnages que l'on voudrait palper, serrer, pleurer, rire et embrasser.
Wilderness de Lance Weller est un petit caillou blanc. On le ramasse. Lisse et chaud on le fait jouer au creux de la main et sans savoir vraiment pourquoi, il dégage une chaleur quasi mystique qui nous pose autant de baume à l'âme qu'un chapelet de prières.
Wilderness est une route. Un voyage semé d'embûches et de personnages. Tout y est sombre et grandiose. La majesté des paysages et des âmes pansent des blessures immondes trempées de sang et de larmes.
Abel Truman a traversé le pire. Il a bu la peine jusqu'à la lie. Il a tutoyé la mort, fermé les yeux sur l'ineffable, pénétré des océans de doute. Soldat sudiste lors de la guerre de Sécession, il traverse la grande bataille des Wilderness. Mémoire mi vie- mi plaie d'un déchaînement de violence insupportable il se fera ermite, âme traumatisée par l'homme, recroquevillée pendant 30 ans sur le seuil d'un cabanon tourné vers le Pacifique et sa douce absence d'âme qui vive.
Il parle à son chien. Chose perdue flairant la peine. Arrivée aux pieds du vieux par hasard. Deux solitudes qui fusionnent.
Abel voudrait partir définitivement. Mais ni le chien ni l'océan ne veulent se charger de sa dépouille décharnée. Qu'à cela ne tienne. Abel marchera jusqu'à ce que mort s'en suive.
Il n'a pour seul bagage que ses souvenirs. Une vieille pétoire et son fidèle canin que des vilains à l'affût lui déroberont bientôt.
Il porte en lui une litanie de morts, de blessures de fêlures de fautes de faiblesses, de tout petits bonheurs et de grandes détresses. Il ne juge jamais. Constate, guérit, tend une main ou prend à son tour. Repart.
Abel est une figure paternelle. Il est grizzly ou roitelet. Sa vie est une longue veillée de prières. Paix et silence en ciel étoilé, psalmodie d'événements terrifiants, d'invocations, de pleurs et de chants.
Hommes et destins se mêlent comme autant de Saints égrainés.
On ferme Wilderness apaisé et débordant de foi en l'Homme.
L'Amour tient dans la main rugueuse et torturée de tous les Abel de la terre.
Wilderness
Editions Gallmeister
Premier roman (!!!) de Lance Weller ( Traduit de l'Américain par François Happe )
12/08/2014
5 commentaires:
Je sais que ce n'est pas si simple d'ajouter un commentaire sur blogger.
Je n'arrive parfois pas à vous identifier, et donc...à vous répondre!
Pour celles qui ont un blog, il faut cliquer sur "nom,url" et rentrer son pseudo et son adresse de blog (ou de site).
Pour les autres, "anonyme", et petit nom au bas du com (ou pas)
Plus d'excuse!
…La recrudescence des spam m'oblige à vous imposer l'épreuve supplémentaire de la "vérification des mots". J'en suis navrée.
En vous remerciant pour votre visite!
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La façon dont tu en parles me donne vraiment envie de le lire. Bel été Sophie!
RépondreSupprimerEsqui
Brillante critique pour un brillant ouvrage, dont je dois au passage la lecture cet hiver à notre amie Lulu ;-) !
RépondreSupprimerMerci donc Lulu, et merci Sophie, si je ne l'avais point lu j'aurais couru le chercher ce matin chez ma libraire
préférée ... Belle journée, belles lectures !
Une bien belle critique, qui me donne envie de filer commander ce livre! Merci Sophie!
RépondreSupprimercomme toujours ta plume donne envie de lire...
RépondreSupprimerCe livre avait été super bien accueilli par les blogueurs à sa sortie, et tous les billets avaient le ton du tien: du super naturewriting!!! (et du premier roman haut de gamme)
RépondreSupprimerIl est drôlement bien ton billet et me fait une petite piqure de rappel, et vu que le mois américain commence bientôt, je vais peut-être y songer....;-)
Bon week-end la styliste!