18/04/2014

Printemps barbare : La { Tobar } est haute !

Je suis amoureuse. Encore !
Les critiques ne sont pas toutes bonnes. Mais moi j'ai dévoré cet opus d'Hector Tobar.
Prenez Wolf - Journaliste, coups de griffes, maîtrise parfaite de l'espace, pointillisme et étude de moeurs curseur au max - rajoutez du Levison - intrigue sociale, pointeur fixé sur un infernal rouage judiciaire à l'Américaine ( Américaine, uniquement ? J'ai un doute. Passons ) , shakez un coup et dégustez un Tobar pur jus de cactus bien tassé.
Il parait que le roman est poussif au démarrage. Je n'ai pas eu cette impression. Mais j'aime scanner les gens, leurs façon de vivre et ce que l'on peut en déduire. 
Scott et Maureen Torres-Thomson sont des Californiens privilégiés. Lui entrepreneur dans une startup informatique, elle au foyer avec ses trois enfants et autant d'employés.
Lisses. Propres, aseptisés, bien élevés et éduqués. Comme le quartier qui surplombe l'océan dans lequel ils se sont réfugiés, coupés du monde de brutes et d'étrangers mal dégrossis qui grouille à leurs pieds dans la mégalopole labyrinthique qu'est Los-Angeles.
Bien sûr ils emploient des Mexicains sans papier et au noir. Bien sûr. mais tout le monde le fait.
Bien sûr ils ne partagent jamais rien avec eux, ne connaissent rien de leur vie et les sur-exploitent. Bien sûr. Mais tout le monde le fait.
Grain de sable dans le rouage. Les affaires de Scott ne vont pas si bien, deux des gens de maison sont remerciés. Araceli Ramirez, la - jeune- bonne à tout faire reste l'unique employée.
On lui demande tout. Docilement, elle revêt son costume de bonne tous les matins, fait consciencieusement son job et ne se permet de rêver à la vie d'artiste peintre à laquelle elle a renoncée que lorsque sa porte de chambre est refermée.
Et puis un jour tout bascule. Les Torres se disputent pour une histoire de fric. La table basse vole en morceaux, madame prend la petite dernière sous le bras, monsieur se tire et la bonne ramasse les éclats.
Pendant 4 jours malentendus, non-dits et incompréhensions s'enchaînent permettant à chacun des parents de croire que l'autre est avec les enfants à la maison et empêchant Araceli de joindre ses employeurs dont elle ne connaît rien.
Et il y a les deux enfants.
Au bout de 4 jours elle se décide à partir les confier à un hypothétique grand-père qui habiterait de l'autre coté de LA.
L'implacable machine judiciaire se met en marche à la seconde près où ce trio mal assorti met un pied de l'autre côté de la barrière garante de l'éducation impeccablement huilée et de la protection de ces enfants.
Araceli poursuivie, arrêtée, soupçonnée et accusée de kidnapping.
Les personnages sont authentiques. Pas attachants, mais on les observe avec une pointe de tendresse. Elle parce qu'elle est mère et qu'elle veut être parfaite - On est touché, presque, quand elle réalise, seule face à ses taches ménagères qui la submergent littéralement combien sa bonne en abattait du boulot ! - lui parce qu'il est terriblement angoissé au juste de décevoir son épouse. Les enfants, intelligents -très !- et pourtant si ignorants des réalités sociales. Araceli enfin, consciencieuse et honnête à l'extrême, travailleuse irréprochable, un peu timide et naïve, un peu rocailleuse et pourtant pas dénuée de sensibilité.
Du bûcher des Vanités à Arrêtez-moi là en passant par Printemps barbare, un semblable enchaînement se dessine. Un innocent, plusieurs ficelles. 
Dans une ville à très fort pourcentage Latino, presse, justice et associassions diverses vont s'emparer de l'affaire dans laquelle la principale intéressée n'aura que peu à dire. 
Sa ligne de mire : Son rêve. Qui n'est pas Californien.

Héctor Tobar
"Printemps barbare" en poche




















5 commentaires:

  1. Elle avait pris ce pli18 avril 2014 à 13:40

    Un petit air de "Famille modèle", non?
    Je me suis arrêtée au départ de la mère de famille car j'avais l'impression d'en savoir déjà trop sur l'histoire;-)

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    1. Oui, la même exactitude pour décrire les personnages et l'environnement que Puchner !
      La 4ème de couverture en dit même plus. Mais je crois que pour ce roman, dévoiler la majeure partie de l'intrigue n'est pas traitrise. L'étude de moeurs est tout aussi intéressante. Il y en aurait à dire. Chaque personnage est un régal à décortiquer. Comme dans Puchner, tu as raison : J'ai décrit ce roman sous le prisme judiciaire, il est tout aussi bon sous le prisme du "sociétal" !

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  2. punaise, qu'est ce que j'aime quand tu parles de bouquins (de run et de couture aussi hein?!). J'adore ton billet, même moi, inculte en littérature américaine et moyennement intéressée par la problématique, j'ai subitement envie de le lire...
    Ce doit être le côté, famille sucessfull américaine qui vole en éclat, scanner social et critique d'un siècle.
    Bravo la styliste-mais-pas-que
    Bises

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  3. Pas envie du tout de le lire. Il y a quelque chose chez les américains de trop... ressemblant à une série américaine. Ils sont "trop", too much, quoi ! Je n'aime pas du tout le mode de vie américain, même s'ils ont inventé le "way of life" je les trouve très ennuyeux, trop ennuyeux. Hélas !
    Amitiés de Fine.

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  4. je n'ai pas été totalement convaincue par ce roman mais je trouve que les thèmes sont passionnants et surtout, j'ai eu la chance d'écouter l'auteur lors d'un festival, ce fut un vrai plaisir. Ce qui fait peur, c'est de voir les commentaires sous certains des articles de Tobar sur le site du journal auquel il collabore, c'est d'un racisme stupéfiant.

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Je n'arrive parfois pas à vous identifier, et donc...à vous répondre!
Pour celles qui ont un blog, il faut cliquer sur "nom,url" et rentrer son pseudo et son adresse de blog (ou de site).
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…La recrudescence des spam m'oblige à vous imposer l'épreuve supplémentaire de la "vérification des mots". J'en suis navrée.

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